La population allemande à Auschwitz
- Comment ces monstruosités ont-elles été possibles ?
- Comment vivaient les autres allemands ?
- Pouvaient-ils ignorer ce qui se passait dans les camps ?
- Qui étaient les bourreaux d’Auschwitz ?
La nazification de la population allemande
Nazification des adultes :
Dès son accession au pouvoir, Hitler parvient à se défaire de ses opposants les uns après les autres, par le même régime de terreur, qu’il appliquera dans tous les pays conquis ultérieurement. L’ensemble de la population, soumise à l’interdiction des libertés, est placée sous surveillance : les SS (Escadrons de protection) et la Gestapo (Police secrète d’État) traquent, arrêtent et torturent les opposants. Qu’ils soient communistes, socialistes, syndicalistes ou démocrates, ils sont qualifiés de « délinquants » par les nazis et sont envoyés dans les premiers camps de concentration. Parallèlement, les nazis s’attachent à façonner les esprits à leur idéologie. Ils créent un Ministère de la Culture et de la Propagande confié à Goebbels, qui diffusent à la radio, au cinéma, ainsi que par tous les moyens d’expression culturelle, leurs idées. De grands rassemblements, démonstrateurs de force et d’esprit de corps sont organisés, en particulier à Nuremberg.
Afin de créer la Nation nazie de demain, les jeunes allemands sont préparés dans les écoles, mais également dans les mouvements de jeunes. Ainsi, ils sont appelés à être membres des « jeunesses hitlériennes » ou des « Ligues des jeunes-filles allemandes », dont le but était de les former à l’idéal aryen. Dans ces mouvements on faisait du sport pour développer un corps sain et un esprit d’équipe, tandis que l’idéologie qui y était véhiculée, rendait la perception du monde et de la place que les « aryens » devaient y tenir, conformes à l’idéal nazi. Ainsi Hitler avait-il créé une jeunesse persuadée être « une race de Seigneur ».
Opposants politiques des nazis, gardés par les SA obligés de nettoyer des slogans anti-hitlériens sur un mur peu après l’accession au pouvoir des nazis. Allemagne, mars 1933.(Encyclopédie multimédia de la Shoah)
Jeunesses Hitlériennes
Comment vivait la population « germanique » à Auschwitz
Les colons civiles germaniques :
Nous avons pu voir que pour germaniser et faire que ces territoires de l’Est deviennent le fleuron du nouvel ordre nazi, il fallait mettre en place un nouvel ordre économique et y attirer une population germanique, à côté de celles polonaise appelée à disparaître.
A cet effet, les allemands bénéficiaient d’infrastructure agréables pour les familles, avec la construction de nouvelles habitations, d’écoles, de stades, de piscines, même si elles n’ont pu être menées à leur terme. Pour attirer des civils à travailler dans les entreprises, il leur était accordé des conditions fiscales favorables. Il est frappant de constater que les colons arrivèrent dans la ville à peu près à l’époque où le processus d’extermination mené dans le camp atteignait un premier apogée en 1943. La plupart des arrivants étaient membres du personnel d’IG Farben ou de ses filiales, venant de villes dans lesquelles elles avaient des succursales. Par la suite, les colons arrivèrent de toutes les régions du Reich, car la région située autour d’Auschwitz, encore épargnée par les bombardements, était devenue plus attrayante.
Les SS vivaient bien à Auschwitz. Dans une première période, leurs familles ne furent pas autorisées à les suivre dans leur casernement. Mais, afin d’atteindre la germanisation de la zone, la politique changea bientôt, et les fiancées ou épouses furent encouragées à y suivre leurs maris accompagnées de leurs enfants, afin d’avoir une vie de famille normale. Comme le montrent diverses directives et rapports internes des commandants du camp adressés aux unités de garde, l’administration du camp approuvait d’innombrables demandes de résidence. Vivre dans le quartier des SS présentait plusieurs aspects plaisants. Par exemple, les médecins de la garnison SS répondaient aux besoins des familles des SS et étaient donc appelés « médecins de famille », et leurs consultations « heures de service pour les familles ». Il n’était pas rare que les enfants d’une famille SS, tout en jouant, dépassent en courant la zone marquée par la grande chaîne des postes de garde ; à cet égard, les directives mentionnent avec irritation les enfants qui paradaient le long des colonnes de détenus lors de l’entrée et de la sortie quotidiennes des groupes de travail. Le bureau du commandant avertit du danger mortel encouru par ces enfants. Il était de deux ordres, physique en cas de tentatives d’évasion, mais également « moral », par la proximité des prisonniers.
Les plus zélés des SS pouvaient bénéficier d’un peu de repos dans un lieu de villégiature appelé Solahütte, dont l’album de photos de Karl Höcker, nous donne une petite idée.
Accédez à l’album de Solahutte (pour revenir il faut fermer l’onglet en clicquant sur X)
Villa de Höss, le commandant du camp d’Auschwitz (Wikimédia-panoramio.jpg)
Famille du commandant d’Auschwitz Höss (https://www.exberliner.com/berlin/an-auschwitz-heritage/)
Enfants du commandant Rüdolf Höss (https://www.exberliner.com/berlin/an-auschwitz-heritage/)
La population pouvait-elle ignorer ce qui se passait dans les camps ?
Il est difficile de répondre à cette question. Il est certain que l’état des groupes de déportés que les populations voyaient partir sur les différentes zones de travail, que l’odeur nauséabonde des fumées des crématoires ne pouvaient que leur faire comprendre que les conditions de vie des déportés étaient dures et engendraient de nombreux morts.
Par contre, il est impossible que les officiers SS N’aient pas été au courant du fonctionnement des camps. Dans les procès d’ailleurs, dans leur défense, ils invoquent le fait de ne pas avoir participé directement aux sélections ou aux exécutions. Pour ceux directement impliqués, ils indiquent avoir exécuté les ordres de leurs supérieurs.
Qui étaient les principaux bourreaux ?
Les principaux bourreaux étaient bien entendu les SS, mais également les gardiennes auxiliaires et les Kapos. Voici la défense de quelques-uns lors de leur procès..
Remis aux autorités polonaises, Höss comparaît devant le Tribunal suprême de Pologne du 11 mars au 2 avril 1947. Lors de son procès, il est « un accusé modèle », répondant brièvement et précisément aux questions qui lui sont posées. Il reconnaît ses actes. Pour se défendre, il tente de justifier ses actes par la nécessité d’obéir aux ordres et de se montrer un commandant zélé, malgré le malaise que certaines scènes, auxquelles il avait pu assister, suscitaient en lui. Condamné à mort, il est exécuté, par pendaison le 16 avril 1947, à côté du crématorium du camp d’Auschwitz I et de la maison qu’il a occupée avec sa famille durant toutes les années où il dirigeait le camp.
Karl Höcker était un SS – Obersturmführer (Lieutenant) et l’adjudant de Richard Baer (Commandant du Camp de concentration d’Auschwitz de mai 1944 à février 1945). Il a créé un album de 116 photos, lors de son séjour à Auschwitz, qui permet d’avoir une idée de la vie des fonctionnaires nazis d’Auschwitz. Lors du procès de Francfort en 1965, il prétendit : « Je n’ai appris les événements de Birkenau … Qu’au temps où j’étais là … je ne pouvais rien y changer. Je n’avais aucune possibilité d’influencer ces événements, de les modifier, encore pire de les empêcher, et cela en aucune façon … pas plus que je ne l’ai voulu, souhaiter, ni mis en œuvre. Je n’ai jamais fait de mal à personne … Personne n’est jamais mort à Auschwitz à cause de moi. »
Joseph Kramer, Chef de camp de détention préventive, (Imperial war museum)
« Au début d’août 1943, je reçus les 80 internés destinés à être supprimés (…), et je commençai par faire conduire dans la chambre à gaz un certain soir, vers 9 heures, à l’aide d’une camionnette, une première fois, une quinzaine de femmes environ. Je déclarai à ces femmes qu’elles devaient passer dans la chambre de désinfection et je leur cachai qu’elles allaient être asphyxiées.
Assisté de quelques SS, je les fis complètement se déshabiller et je les poussai dans la chambre à gaz, alors qu’elles étaient toutes nues. Au moment où je fermais la porte, elles se mirent à hurler. J’introduisis, après avoir fermé la porte, une certaine quantité de sels dans un entonnoir placé au-dessus à droite du regard. Puis, je fermai l’orifice de l’entonnoir (…)
Je n’ai éprouvé aucune émotion en accomplissant ces actes, car j’avais reçu l’ordre d’exécuter de la façon dont je vous ai indiqué les 80 internés. J’ai d’ailleurs été élevé comme cela. »
Procès des médecins à Nuremberg.
La défense des médecins nazis, lors de leur procès fut la suivante. Leurs arguments sont au nombre de sept:
– le caractère obsolète du serment d’Hippocrate,
– la responsabilité du totalitarisme hitlérien,
– le caractère désintéressé des chercheurs,
– le souhait d’améliorer le sort de l’Humanité,
– la limite des modèles animaux expérimentaux
– l’occasion pour les détenus de se racheter pour les crimes qu’ils ont commis.
– l’Impossibilité de mener des expériences sur les animaux, car dès 1933, Hitler qui était végétarien, avait fait promulguer une loi interdisant d’infliger de mauvais traitements et de la souffrance aux animaux. Ainsi, les médecins, en torturant des hommes, épargnaient des bêtes, et respectaient la loi. Ils n’étaient que des exécutants: « vous, les médecins, n’êtes que les instruments », disait Himmler.
Elle déclara que : « C‘était notre devoir d’exterminer les éléments antisociaux afin d’assurer l’avenir de l’Allemagne ». Toutefois elle ne reconnut pas les actes individuels de violence qu’on lui reprochait. Elle fut la plus jeune femme à être condamnée à mort parmi ceux qui commirent des crimes dans l’Allemagne nazie.
Lors de son procès les défenseurs de l’ancien comptable d’Auschwitz ont déclaré que l ‘accusé n’a nullement « favorisé l’Holocauste, du moins pas d’une manière pertinente sur le plan pénal« , puisque ses fonctions le tenaient à l’écart de la fonction d’extermination du camp.
L’ancien SS a déclaré « Auschwitz est un endroit auquel personne n’aurait dû participer(…)J’en suis conscient. Je regrette sincèrement de ne pas l’avoir réalisé plus tôt et de manière plus conséquente. Je suis profondément désolé« , IL a déclaré qu’il assumait une « faute morale » et en demandait « pardon« .