LA VIE A AUSCHWITZ : UN PROCESSUS DE DÉSHUMANISATION

Tout le processus d’entrée dans les camps avait pour but de faire perdre leur identité aux individus, qui n’étaient plus qu’un numéro. La vie dans les camps consistait en un processus de déshumanisation, dont l’issue était la mort.

Une vie de labeur

Les détenus d’Auschwitz étaient vus comme une main-d’œuvre gratuite, que l’on devait exploiter jusqu’à la mort.Le nombre d’heures de travail varie selon la saison. Le départ a lieu dès l’aube. En été, le lever a lieu à 4 heures et demie, départ à 6 heures, retour à 18 heures. En hiver, lever à 5 heures et quart, départ à 6heures ou 6heures et demie, retour à 17 heures. A midi, courte pause d’une heure pour la distribution du litre de soupe sur le lieu de travail.

L’appel

Appel des femmes (source : Musée Yad Vashem)

La journée de labeur débutait par l’appel sur l’Appellplatz à 4 heures du matin et se terminait de la même façon lors du retour. Les détenus, alignés en rangs, sont recensés un par un et doivent observer une immobilité et un silence parfaits, pendant toute la durée du processus. Le moindre manquement à cette obligation ou le moindre retard sont passibles de sanctions allant jusqu’à la peine de mort. Il concerne l’ensemble des prisonniers, qui se dénombrent par milliers, et prend plusieurs heures. Chaque fois qu’une erreur est commise, l’opération recommence depuis le début. L’appel est une épreuve quotidienne, par tous les temps, et entraîne la mort par épuisement de nombreux déportés.

La finalité officielle de la procédure est le comptage des détenus afin de vérifier si certains ont pu s’évader, mais le but consiste à les humilier et à éliminer les plus affaiblis, qui sont alors abattus sur place.

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Le départ au travail

Départ d’Auschwitz en musique. (Dessins de MieczysÅ‚aw KoÅ›cielniak-1950)

Au commandement de « Antreten », les prisonniers se rassemblent par kommandos, derrière leur kapo, par rang de 5. Des musiciens se mettent en place à l’entrée du camp, le commandant du camp apparaît devant le poste de garde. Les portes sont ouvertes, des marches entraînantes sont jouées par l’orchestre, dont le rythme est calculé de manière à ce que le défilé de 9000 hommes dure entre 35 et 45 minutes. Les hommes avancent par rang de 5, la gamelle sous le bras, la tête nue. On cache au milieu des rangs les plus faibles ou les plus mal habillés. Au moment du passage devant l’Arbeitsdienführer (adjudant-chef de la main-d’œuvre), le Kapo placé en tête et à gauche du Kommando, fait son rapport en hurlant le numéro du kommando et le nombre de détenus.

Le soir au retour, la cérémonie est analogue.

Travail

Travail dans les camps (Musée Yad Vashem)

Repos

Baraquement (Photo d’archives publié par Sud-ouest-2015)

Partant du principe que le travail devait constituer une sorte de punition et aboutir à un anéantissement physique, les Nazis mirent en place une organisation du travail, définir des rythmes d’exécution, les conditions et les outils avec lesquels il devait être effectué. Le plus souvent les détenus n’avaient que des outils et des moyens de transport très simples : pioches, pics, brouettes. Bien que disposant de matériel roulant et de chevaux, les nazis forçaient les détenus à transporter physiquement de lourdes charges, sur des distances pouvant être longues.

Une vie dominée par la faim

Des portions dérisoires

Les détenus avaient le droit à 3 repas par jour : matin, midi et soir. La valeur calorique de ces repas de normes imposées qui établissait un menu quotidien dans lequel étaient spécifiés les éléments de base. Cependant ces principes ne furent jamais appliqués. Les magasins de stockage et les cuisines étaient subordonnés au personnel SS qui expédiaient à l’extérieur du camp les meilleurs produits : viande, margarine, sucre, farine, semoule, saucisses. Aussi, au moment de la confection des repas, les produits livrés par le magasin étaient inférieurs aux normes prévues. Ainsi, sur une période de 24 heures, au lieu des 1700 calories prévues par le règlement pour les travaux peu difficiles et des 2150 pour ceux plus durs, les détenus recevaient respectivement 1 300 et 1700 calories.

Le matin on servait un demi-litre d’un ersatz de café ou une infusion à base d’herbes, appelée thé, le plus souvent sans sucre.

Au déjeuner, on servait 4 fois par semaine de la soupe avec de la viande et 3 fois par semaine de la soupe sans viande. Ces potages de légumes étaient composés de rutabaga et de pomme de terre, avec une petite quantité d’orge, de farine de millet ou de seigle, et un extrait appelé « Awo ». Une ration de ¾ de litre possédait 300-400 calories.

Pour le dîner les détenus recevaient environ 300 grammes de pain, 25 grammes de saucisse ou de margarine, ou encore une cuillère de marmelade ou de fromage blanc. La ration de pain distribuée le soir était destinée à être mangée au petit-déjeuner. Cependant la majorité des détenus préféraient la manger immédiatement.

Déporté tenant une écuelle (Photo prise en 1945 à la libération du camp de Wöbbelin)

Repas (Photo Facebook https://www.kz-gedenkstaette-neuengamme.de/fileadmin/_processed_/7/c/csm_ANg-1981-1077_adb3b4a0f3.jpg).

Les “musulmans”

Avec de telles rations, les détenus s’affaiblissaient très vite après quelques semaines de ce régime. Ils perdaient un tiers de leur poids. Un homme normal faisait en moyenne 40 kilos. On assistait à la « musulmanisation » , stade ultume de la sous-alimentation, selon le langage du camp, d’un grand nombre de détenus. L’atteinte de cet état pouvait être rapide : il suffisait d’exécuter tous les ordres que l’on reçevait, de ne manger que sa ration et de respecter la discipline au travail et au camp. Sinon, il tenait entre 3 et 6 mois, selon le moral des individus.

L’état de Musulman est caractérisé par l’intensité de la fonte musculaire ; il n’y a littéralement plus que la peau sur les os. On voit saillir tout le squelette et, en particulier, les vertèbres, les côtes et la ceinture pelvienne. A cette déchéance physique s’ajoute celle morale. A terme l’individu s’affaisse subitement dans la position d’un musulman en prière, d’où le nom donné à ce processus dans les camps.

Cette déchéance physique s’accompagne d’une déchéance intellectuelle et morale. Elle en est même souvent précédée. Le malheureux ne se lave plus, ne recoud plus ses boutons. Il est abruti et subit tout passivement. Il n’essaie plus de lutter. Il n’aide personne. Il ramasse la nourriture par terre, prenant avec sa cuiller de la soupe tombée dans la boue. Il cherche dans les poubelles des épluchures de pommes de terre, des trognons de choux et les mange sales et crus. Il devient voleur de pain, de soupe, de chemises, de souliers, etc. Il vole d’ailleurs maladroitement et souvent il se fait prendre.

Lorsque cette double déchéance est complète, l’individu présente un tableau typique. Il est véritablement sucé, vidé physiquement et cérébralement. Il avance lentement, il a le regard fixe, inexpressif, parfois anxieux.

La durée de cette évolution est de six mois environ et rien n’est plus vrai que cette phrase d’un officier SS : « Tout détenu vivant plus de six mois est un escroc, car il vit aux dépens de ses camarades. »

Ce temps de six mois est atteint si le moral du détenu est bon, mais il s’abaisse à un mois et demi ou deux mois si le moral est mauvais. Si le détenu pense trop à la faim, au froid, au travail harassant, à sa famille, à la chambre à gaz, en quelques jours il s’effondre, devient une loque et souvent un voleur.

Les registres tenus par les nazis, indiquant la date d’entrée dans les camps et celle du décès des détenus montre une espérance de vie moyenne de 3 mois, avec des minimums de 15 jours et des maximums de 6 mois.

 

Musulmans lors de la libération du camp de Buchenwald-1945

Une jeune-femme russe, âgée de 18 ans, du camp d’Auschwitz. (https://lescrieursduweb.com/histoires)

Des conditions d’habitation et d’hygiène sommaires

Auschwitz 1, pendant les 1ers temps, les prisonniers dormaient à-même le sol sur des paillasses, sui devaient être rangées dans un coin de la salle après le lever. Les premiers lits en bois superposés à 3 niveaux apparurent en 1941. Ils faisaient 80 cm de large, sur 200 cm de long et 225 cm de haut. Munis de 3 paillasses, ils étaient théoriquement prévus pour 3 prisonniers. En pratique sur une paillasse dormaient 2 voire davantage de prisonniers. Ainsi, le bloc 2 comptait 234 lits, 702 paillasses, 1 193 détenus. Le camp d’Auschwitz 1 disposait de 21 blocs d’habitation.

Outre les lits en bois, l’équipement du bloc se composait de fours chauffés au charbon, d’une dizaine d’armoires, de plusieurs tables et de simples tabourets. Dans le camp mère, chaque bloc était pourvu d’une partie administrative, des locaux sanitaires au rez-de-chaussée avec 22 cuvettes, des urinoirs et un grand lavabo, muni de 42 robinets.

Les conditions d’habitation et sanitaires étaient encore plus sommaire à Auschwitz-Birkenau. Il y existait deux types de logements. Des baraquements en brique sur un terrain marécageux, pratiquement sans aucune isolation. Ils faisaient 36,50 m de long, sur 11,40 m de large et 5,58 m de haut. Des 2 côtés, à l’entrée de la baraque, se trouvaient 2 petites pièces dont l’une était destinée au prisonnier responsable du bloc et l’autre au dépôt de pain. Il n’y avait pas de système de chauffage, même si symboliquement il y avait 2 poêles en fer. A la place du plancher, il y avait de la terre battue. Le manque d’équipement sanitaire était patent, ce n’est qu’en 1944 que l’on décida d’aménager de petites pièces.

Le second type de logement se présentait sous la forme de baraques en bois, conçues à l’origine pour être des écuries. Les murs étaient composés de planches mal ajustées et le toit était de bois, couvert de carton goudronné. Ces baraques d’une longueur de 40,76 mètres, d’une largeur de 9,56 et d’une hauteur de 2,65 m, possédaient à la place des fenêtres, des lucarnes. L’intérieur était divisé en 18 cloisons, qui à l’origine étaient prévues pour 52 chevaux. Entre les cloisons se trouvaient les lits sur 3 niveaux. Une baraque contenait 400 personnes.

Dans les baraques en brique, les grabats des détenus étaient couverts d’une fine couche de paille. Ceux des baraques en bois on étendait des matelas de papier remplis de « laine de bois ».

Le surpeuplement des baraquements et généralement de tout le camp d’Auschwitz, le manque d’installations sanitaires, les différentes maladies qui sévissaient parmi les détenus, comme la diarrhée causée par la malnutrition et surtout l’impossibilité de maintenir son hygiène personnelle à un degré rudimentaire faisaient que les vêtements portés par les détenus étaient sales, en lambeaux, souvent maculés par l’urine et les excréments, puants et répugnants. Préserver la propreté des uniformes fut seulement autorisé à ceux des détenus en contact direct avec les SS, car ceux-ci éprouvaient une peur panique des poux, porteurs du Typhus.

Les autres détenus gardaient leurs uniformes pendant des semaines, voire des mois. Pour les actions d’épouillage, les détenus devaient rester nus pendant la journée à l’extérieur des baraques. Pendant ce temps on désinfectait les baraques à l’aide du gaz Zyklon B, alors que le linge et les vêtements du camp étaient immergés dans des récipients qui contenaient une solution du même produit. Il n’est pas difficile d’imaginer les conséquences d’un tel traitement sur des organismes affaiblis, épuisés par la maladie, devant rester en plein air, parfois par un temps pluvieux.

Les sabots inadaptés provoquaient sur les pieds de douloureuses écorchures qui entraînaient la formation de plaies profondes et purulents. Lors des inspections des médecins, les plaies des pieds pouvaient entraîner une inaptitude et donc la mort par injection de Phénol ou la chambre à gaz.

 

Paillage pour dormir-Auschwitz 1

Lits de bois de Birkenau (Photo de Patrick Nguyen)

Toilettes de Birkenau

Lavabos d’Auschwitz 1

Sélection après une “Marche” qui se fait nu par -12.  – Dessin de David Olère 1945

Une vie sous un régime de terreur

La déshumanisation obtenue par les conditions de vie décrites, était également rendue possible par le régime de terreur qui régnait dans les camps.

Cette vie était encadrée par un règlement répressif, permettant d’obtenir l’obéissance absolue des détenus. Tout signe, même léger de résistance avait pour conséquence une répression extrêmement sévère. Lorsqu’un « délit » était commis, les SS et kapos avaient le droit de frapper et même de tuer le détenu ordinaire, sur le lieu même de son forfait. Sinon, il existait une liste de peines mises en place par Eicke à Dachau, établie selon les infractions. Le modèle de Dachau fut étendu à Auschwitz.

La violence ordinaire

Cette vie était encadrée par un règlement répressif, permettant d’obtenir l’obéissance absolue des détenus. Les SS devant le faire appliquer, étaient assistés par les kapos du camp. Ceux-ci sont le plus souvent des prisonniers de droit commun, choisis parmi les plus violents. En échange d’un allégement de leurs conditions de vie, ils acceptaient d’être les complices de la maltraitance et de l’extermination de leurs semblables. Il est toutefois à noter certains, le plus souvent prisonniers politiques, parvinrent à adoucir les conditions du camp.

Tout signe, même léger de résistance avait pour conséquence une répression extrêmement sévère. Dans le domaine des sévices, les SS pouvaient donner libre cours à leur imagination : bastonnades, pendaisons à un poteau, les bras liés derrière le dos, incarcération et torture dans les cachots du bloc 11, condamnation au travail disciplinaire, obligation à des exercices disciplinaires, « rester debout » des heures durant… Une autre punition appelée « Sport » par les prisonniers consistait à leur faire exécuter sur commandement, des exercices physiques de toutes sortes : marcher en chantant, courir, ramper sur les coudes et le bout des orteils, se rouler sur la terre couverte de gravier et de briques pilées, tourner en rond, las mains levées… Ces exercices étaient exécutés très vite, sans égard pour l’âge et la santé des prisonniers. Ceux qui tombaient étaient frappés. Tout récalcitrant était achevé.

Afin d’activer l’exécution des tâches, les surveillantes et kapos n’hésitaient pas à donner des coups de badines.(Dessin de David Olère. Un artiste témoin de la Shoah)

Exécution à la suite d’une tentative d’évasion (David Olère – Je suis de retour)

es prisonniers sont forcés d’accompagner un camarade avec de la “musique joyeuse” jusqu’à son exécution, dans le camp de Mauthausen. © AFP – VOTAVA / IMAGNO

Les exécutions du Block 11

Le Block 11 du camp d’Auschwitz est aussi connu sous le nom de « Block de la mort ».

Isolé du reste du camp, il sert de :

– prison interne au camp,

Рtribunal sommaire pour juger les civils arr̻t̩s par la Gestapo de Katowice, avant de les ex̩cuter.

– lieu de torture et de punition pour les prisonniers ceux que les SS estimaient coupables de n’avoir pas respecté le règlement du camp et qui étaient soumis à un interrogatoire le plus souvent « très musclé ». L’une des tortures appelée “Balançoire”, consistait à accrocher un détenu à une barre transversale au niveau du pli des genoux et à maintenir le corps dans cette position en fixant les poignets aux chevilles. Une autre consistait à entraver le détenu en le fixant à une barre par les poignets pendant plusieurs jours.

Plusieurs cellules de ce Blok sont également utilisées pour faire mourir de faim les détenus qui y étaient placés en isolement. Ainsi la cellule 22 est divisée en 4 petits compartiments de 90×90 cm où l’on enferme 4 prisonniers debout, soit 16 au total. La seule source d’air est un petit orifice de 5×5 cm. Les prisonniers ne peuvent se coucher ni même s’asseoir et étouffent à cause du manque d’air…

Ce block donne sur une cours où les prisonniers étaient exécutés, nus, devant le mur de la mort.Les corps étaient mis sur un camion pour être évacués vers les chambres à gaz.

“Mur de la mort” (Photo de Patrick Nguyen)

Block 11 où étaient détenus les prisonniers pour être sanctionnés, torturés ou exécutés.(Photo de Patrick Nguyen).

Chambre où se dévêtaient totalement les prisonniers avant d’être exécutés, devant le mur de la mort. (photo de Patrick Nguyen)

Des prisonniers étaient amenés nus devant le mur. Un SS les exécutait d’une balle dans la nuque.(Le mur des exécutions – BS Encyclopédie).

Gibet pour les pendaisons.

Les expériences médicales du Block 10

Les médecins allemands participèrent activement à la réalisation des projets d’extermination de nombreuses populations. 70% du corps médical allemand soutenait l’idéologie nazie, selon laquelle, il fallait purifier le corps social, de tout ce qui pouvait le corrompre et le fragiliser, afin que la race aryenne redevienne parfaitement pure. Comme, ils avaient participé activement à l’assassinat des malades mentaux, ils devaient à présent intervenir pour débarrasser le corps social des sous-hommes et particulièrement des juifs, parasites et lie de l’humanité. Ils agirent au sein des camps de deux façons.

La sélection par les médecins d’Auschwitz

Les détenus d’Auschwitz étant par définition une population déjà pervertie, sa seule utilité était de fournir une force de travail gratuite. Les médecins s’occupaient de « l’écologie d’Auschwitz », c’est-à-dire d’identifier les personnes aptes au travail. A l’entrée du camp, tout d’abord, sur la rampe, ils identifiaient les juifs aptes au travail. Puis, à l’intérieur du camp, lors de la « sélection », ils repéraient les personnes n’étant plus en capacité de travailler. Cette main-d’œuvre inutile était éliminée par un passage en chambre à gaz ou par injection de phénol directement dans le cœur.

Les expérimentations médicales

Dans le Block 10 d’Auschwitz I et dans le baraquement 30 d’Auschwitz-Birkenau, ils entreprirent de mener des expérimentations sur les détenus pour mettre en place la politique démographique raciale du Troisième Reich, visant à faire disparaître la race inférieure. Ils firent des recherches sur les méthodes de stérilisation de la population slave.

L’expert en la matière était le docteur Carl Clauberg, qui demanda expressément de mener des expérimentations sur les slaves qui lui furent accordées ès 1942. Höss lui laissa 2 salles dans les blocs 10 à Auschwitz I à côté du bloc de la mort. Il y séjournait en permanence entre 150 et 400 détenues juives, notamment celles qui avaient accouché et qui avaient des cycles menstruels. La méthode de stérilisation massive consistait à introduire dans les organes génitaux féminins un liquide chimique irritant qui provoquait une infection, à la suite de laquelle avait lieu l’obstruction des trompes et par conséquent la stérilisation. Les résultats de ces expérimentations étaient contrôlés au rayon X. Ces expérimentations furent menées de façon brutale, entraînant des complications (péritonite, hémorragie génitale accompagnée de fortes fièvres). Une partie des détenues juives mourut, les autres furent tuées pour pratiquer des autopsies.

L’arrivée du docteur Horst Schumann en novembre 1942, ouvrit la voie à une nouvelle expérimentation de stérilisation au baraquement 30 de Birkenau. La société Siemens laissa à disposition pour la stérilisation aux rayons X, 2 appareils radioscopiques. Des groupes de détenus hommes et femmes juifs furent utilisés. La méthode de stérilisation consistait à exposer les testicules des hommes et les ovaires des femmes aux rayons X. En recherchant la dose de radiation optimale pour obtenir la stérilité totale, il appliquait des doses différentes à des intervalles de temps variables. En général, les détenus subissant ces expérimentations devaient reprendre immédiatement le travail. Ces traitements entraînaient des infections sur la peau et nombreux détenus moururent. Après ces expérimentations, ils étaient gazés, certains castrés afin d’analyser les organes génitaux irradiés.

Seule une partie minime des personnes ayant subi ces expérimentations survécut.

Josef Mengele docteur en médecine et philosophie, menait des recherches sur les jumeaux, ainsi que sur la physiologie et la pathologie du nanisme. Il s’intéressait également à la différenciation de coloration de l’iris d’une même personne et à la gangrène de la joue qui touchait les populations tziganes. Il occupa le poste de médecin d’Auschwitz en 1943. Pendant les sélections des convois, il se mit à repérer les jumeaux ou les personnes ayant des traits physiques inhabituels. Il les soumettait à des examens d’anthropométrie : on les mesurait, radiographiait dans des salles non chauffées. On prélevait leur sang ou on injectait du liquide dans les yeux. Mengele observait les réactions de chacun des jumeaux. Cela se faisait dans les cris et pleurs des enfants qui se défendaient. Les résultats de ces traitements étaient très douloureux pour les enfants. Dès que les expérimentations étaient terminées, les cobayes humains étaient tués en même temps, au moyen d’une injection de phénol dans le cœur. C’est alors que commençait la seconde expérimentation avec la mesure des organes internes.

Il fit également des études sur les corps dénutris. Chaque matin, il passait en revue les malades désireux d’être admis à l’hôpital. Parmi eux de nombreux détenus exténués à l’extrême, appelés « musulmans », étaient pour la plupart tué par une piqûre de phénol au cœur.

Block 10 (Photo de Patrick Nguyen)

Carl Clauberg (Photo Auschwitz.org.pl)

Horst Schumann- Photo Wikipédia

Dr Mengele (Josef Mengele in World in Action -1963)

Expériences médicales sur les enfants. Musée d’Auschwitz

Mengele, “Le boucher d’Auschwitz”

Voyons à présent quel est le lien entre ces camps et le modèle économique nazi mis en place : Lien vers le modèle économique d’Auschwitz